Santé connectée : Une offre croissante et de nombreux freins pour un avenir radieux ?

Une offre croissante en santé connectée mais confrontée à de nombreux freins.

Lors d’une table ronde des Universités du Numérique du Medef du 17 mars dernier, différentes start-up ont pu présenter leurs services et applications en santé connectée, leurs approches commerciales et témoigner des divers problèmes posés au décollage de la santé connectée en France. S’impose en premier lieu la créativité de leurs stratégies de commercialisation respectives. Pour exemple, la société Plume Labs permet au joggeur par exemple de déjouez la pollution de l'air grâce à une application mobile donnant une véritable météo de cette pollution. C’est une stratégie de lancement BtoC qui a été choisie avec une opération d’analyse de l’air en temps réel du ciel de Londres, et sa publication-publicité, pendant plusieurs jours grâce à des pigeons munis de ces capteurs. D & Consultants a de son côté évoqué le caractère propre à l’objet connecté de la diffusion virale tout en soulignant le problème de l’utilisation de la donnée et du système prudentiel français en termes de réglementaire rendant les cycles de commercialisation long. La prise en charge financière de ces objets de santé connectée et le caractère indispensable de leur remboursement a ensuite été débattu, convenant qu’un tri devrait être opéré par une instance comme la Haute Autorité de Santé ou le Ministère de la Santé (mais avec quels moyens ?) pour obtenir le remboursement par la collectivité. Les assureurs complémentaires santé auraient intérêt selon les intervenants à participer à cette prise en charge dans la mesure où le préventif pourrait couter beaucoup moins cher  et se révéler des services commercialement distinctifs. Enfin, la nécessité d’études cliniques établissant le bénéfice médico-économique de tels objets semble évidente mais difficile à réaliser dans la mesure où les comptes de la sécurité sociale n’en font pas une priorité. Quant aux marchés possibles pour ces nouveaux acteurs de santé connectée, la France apparait de l’avis général comme le plus difficile du fait des barrières à l’entrée.

 

santé connectée aux ubniversités du numérique du MEDEF

L’auto-mesure de l’humain connecté : un avenir radieux ?

Malgré les freins, industriels du médicament, mutuelles complémentaires santé comme Malakoff-Médéric,  industriels du matériel médical comme Philips Healthcare mais aussi les Agences Régionales de Soins devraient trouver dans la santé connectée des opportunités plus ou moins transversales d’améliorer la santé de la population française : services de coaching, outils d’aide à une meilleure coordination et efficience du parcours de soins, à la prévention ou au bon usage du médicament, ou encore des programmes collectifs de santé en intra-entreprise. Mais une condition sine qua none se pose : créer de la confiance et donc sécuriser les données de santé générées. C’est ce que fait l’Etat français, et c’est positif selon les grandes entreprises présentes. Le DG de Philips Healthcare France, qui propose par exemple à l’hôpital une montre connectée, divers capteurs de données, etc… insiste sur le besoin de confiance. Selon lui, ce sont les professionnels de santé qui pourront utiliser les données, grâce aux pouvoirs publics comme régulateur. D’ailleurs la santé devient l’axe stratégique principal du groupe Philips qui prévoit de passer d’un CA de 17 Md€ aujourd’hui à 25 Mds€ dans les 5 ans.
Le directeur de la communication digitale de Malakoff-Médéric rappelle néanmoins le manque d’études médico-économiques démontrant que les objets connectés sont économiquement efficaces en termes de prévention santé. Pour lui, l’objet connecté en France peut être un accélérateur d’usage d’un service en santé bien-être visant à diminuer l’absentéisme au travail, par exemple. D’abord proposé en BtoB dans le cadre d’une assurance collective d’entreprise, cela pourra être proposé en BtoC aux salariés par l’entreprise. La monétisation de la santé connectée passe par la mutualisation du risque et un intérêt gagnant-gagnant via une logique de plateforme collective proposant des dispositifs de prévention aboutissant à une plus grande performance du salarié. Selon lui, une telle plateforme doit être participative à savoir impliquant d’autres acteurs comme l’hôpital, des start-up, des industriels, les grands de la technologie (GAFAM)… L’ ADN de la e-santé, ce sont les partenariats entre acteurs traditionnels et nouveaux en vue de co-créer mais cela implique que chacun ait un positionnement clair et une capacité de compréhension et d’intégration des métiers. Cela pose aussi le problème de l’investissement de long-terme dont les entreprises ne veulent plus.
Au final, les objets connectés, au-delà de l’auto-mesure et des infrastructures semble avoir un avenir radieux dans l’habitat connecté. Ce marché de 500 Mds€ serait en effet promis à 30 ans de croissance selon Pierre Gattaz. Il serait un véritable vecteur de retour du patient à son domicile, sans parler de l’Economie des Séniors (Silver Economy).

 

RAPPEL : FB-Ingénierie & Communications a conçu et réalisé Arthrocoach.com, le premier service en ligne de coaching et de santé connectée dans l’arthrose (laboratoires Expanscience).

Florence BERNARD, présidente de FB-Ingénierie & Communications
et anciennde Directrice Santé de l'Union des Annonceurs